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À MONSEIGNEUR LE DUC DE RETS[1]

Pair de France, etc.


Monseigneur,

Je me suis souvent estonné comme parmy tant de grands esprits qui ont pris plaisir à tirer de l’ancienne poësie des preceptes pour enrichir la philosophie morale, pas un n’ait remarqué ce qui se peut dire de l’aventure de Deucalion et de Pirrhe, lesquels se sauvèrent de l’inondation generale de toute la terre sur le mont Parnasse, qui seul fut respecté du deluge. Cela ne fait-il pas voir clairement, Monseigneur, que ceux qui aiment les lettres ne perissent jamais, et ne semble-t’il pas que ces philosophes, comme envieux de la gloire des poëtes, ayent eu quelque dessein de leur derober l’avantage qu’ils ont de pouvoir donner l’immortalité ?

  1. Henri de Gondi, duc de Retz, pair de France, chevalier des ordres du roi, né en 1590, mourut le 12 août 1659. — Il avoit épousé, le 15 mai 1610, Jeanne de Scepeaux.