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De nostre horrible tripotage ?
Se peut-il voir plus de dangers
Que n’en disent les estrangers ?
Ha ! François ! Ha ! monstres legers !
Mais n’en disons pas davantage
Que n’en disent les estrangers
De nostre horrible tripotage.

Aux armes, ô pauvres bourgeois !
On trouve cent sujets de larmes ;
On meurt de froid au bout des doigts :
Aux armes, ô pauvres bourgeois !
Et Mars mesme, en son propre mois,
Met par force la main aux armes.
Aux armes, ô pauvres bourgeois !
On trouve cent sujets de larmes.

Par la mort de nos bons soudars
Nostre party souffre une injure ;
Nous replions nos estendars
Par la mort de nos bons soudars ;
Mais fussions-nous percez de dars,
Il ne faut pas pourtant qu’on jure :
Par la mort de nos bons soudars
Nostre party souffre une injure.

Lors que l’on parle de Clanleu[1],
Chascun aux plaintes je convie :
Quelle pitié de dire feu
Lors que l’on parle de Clanleu !
Il perdit la main et le jeu,
Et je voudrois perdre la vie.

  1. Le marquis de Clanleu périt lors de l’attaque de Charenton par le prince de Condé, qui alors soutenoit le parti de Mazarin. — Voy. les détails dans les Mem. de Retz, 1, 303, éd. de Genève.