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M’en fera voir quelque royale lettre
Qu’en son beau sein l’estime luy fait mettre,
Ne voulant pas serrer en moindre lieu
Un bien divin qu’où regne encore un Dieu ;
Puis, m’invitant d’une affable maniere
À voir tracer une nouvelle orniere
De son beau char, tiré par six chevaux
Qui des chemins dontent tous les travaux,
M’enmenera, sur le sable et sur l’herbe ;
En son palais et rustique et superbe,
Où nous verrons un corps dont la vigueur
Presque d’un siecle a vaincu la longueur,
Où nous verrons la vieillesse honorable
Du bon Lisis, dont le front venerable
Cent et cent fois a sous le firmament
Veu changer tout, horsmis son jugement,
Et qui, fuyant l’indigne multitude,
Pourroit jouir en cette solitude
D’un heur parfait, si, sain et sans deffaut,
En luy le bas correspondoit au haut.
Nous yrons voir ces obscures allées
Qui, pour l’honneur d’avoir esté foulées
Des nobles pieds de ce celeste objet
Que nos discours auront pour seul sujet,
Nous raviront, nous plairont plus sans doute,
Que ne feroit l’estincelante route
Par où la Fable asseure que les dieux
Viennent en terre et remontent aux cieux.
Nous connoistrons ce bel air, cette grade
Qu’imprime et laisse en quelque endroit qu’il passe
Cet abregé des plus riches tresors
Qui facent luire et l’esprit et le corps.
Aussy ne veux-je autre guide, autre addresse,
Pour aller voir cette auguste maistresse,
En son haut trosne où sa fortune rit,