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Perce une vitre et la reduit en poudre
Quand, dans l’humide et bruslante saison,
Par la fenestre il entre en la maison,
Y va percer quelque orgueilleuse teste
Qui despitoit l’orage et la tempeste,
Et de droit fil, avec sa pointe d’or,
Perce en sortant une autre vitre encor.
Mais je m’esgare en mes belles saillies :
C’est trop d’ardeur pour des muses vieillies ;
Retournons donc chez cet homme excellent
Qui pour louise a le cœur si dolent.
Après la vive, après la longue estreinte
D’une embrassade et joyeuse et sans feinte,
Après cent mots et francs et gays aussy,
J’yray de là voir la nimphe d’Issy[1],
L’aymable nimphe et si noble, et si rare,
Dont la sagesse est un celebre phare,
Qui, dans la nuit du temps deffectueux,
Fait un beau jour de rayons vertueux,
Et sert de guide au sexe qu’on adore
Pour en former d’autres phares encore,
Le retirant des flots des passions
Par la splendeur de ses perfections.
De ma venue elle sera bien aise ;
Et comme au monde il n’est rien qui luy plaise
Ny qui la touche à l’esgal des esprits
Qui de l’honneur sont ardemment epris,
Et qui sur tout l’entretiennent sans cesse
De nostre grande et divine princesse,
D’un doux accueil elle m’honorera,
Et de Pologne aussy-tost parlera,

  1. Le prince de Conti avoit à lssy, près de Paris, une maison magnifique.