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D’ouvrir en foux par devant, en hyver,
L’habit qui vient du mouton ou du ver,
Pour faire voir, ô mole bagatelle !
Le vain esclat d’une large dentelle[1]
Riche à merveille et dressée à ravir[2],
Termes proprets dont il se faut servir ;
Nos sots pourpoints[3], nos brimbalantes chausses[4],
Nos beaux rubans que salissent nos sauces,
Et tout le reste, en ce genre compris,
Flattent nos yeux et duppent nos esprits.
Voilà pourquoy je renonce à la veine
Qui, moins d’aigreur que de caprices pleine,
M’a fait passer, sinon pour mesdisant,
Pour satirique agreable et cuisant ;
Non que je vueille abandonner la guerre
Que tout mortel, tant qu’il est sur la terre,

    cependant qu’il estoit attentif à quelque entretien, en telle façon qu’il demeura cloué au plancher… Si le pied eût été jusqu’au bout de la botte, le clou eust pu le percer de part en part. Et voila à quoy cela servit à ce galand. » (Les Loix de la galanterie, 1643.)

  1. « L’on appelle un jabot l’ouverture de la chemise sur l’estomach, laquelle il faut tousjours voir avec ses ornements de dentelle : car il n’appartient qu’a quelque vieil penard d’estre boutonné tout du long. » (Les Loix de la galanterie.)
  2. Chaque époque a eu de ces mots a la mode. Le livre de de Caillieres est curieux pour la fin du xviie siècle ; les divers ouvrages de Somaize, pour le commencement de la deuxième moitié. Bary, dans sa Rhétorique, en cite aussi un grand nombre.
  3. Le pourpoint, qui couvroit le corps du cou à la ceinture, et n’avait pas de manches en été, a été remplacé par le gilet. Les pourpoints étaient tailladés ou fermés, faits en toile, en drap, en satin ou en peau de senteur.
  4. Peut-être parle-t-il de ces chausses ou culottes si larges que leurs plis formoient comme des tuyaux d’orgue : d’où leur nom, chausses à tuyaux d’orgue.