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verrerie dont le chancelier Séguier lui avoit accordé le privilège.

De Rouen, où il boit du cidre et l’ose chanter, lui qui,

Comme Bacchus, a bu par tout le monde,

nous le voyons écrire plusieurs fois en Pologne. L’épître qu’il adressa en 1654 à l’abbé de Marolles répond à tout ce qu’on a pu dire de la prétendue misère de Saint-Amant. Voici en quels termes il lui parle. D’abord sa cassette,

…… en sa capacité,
N’a jamais veu l’aspre nécessité ;

Puis il ajoute qu’il n’a jamais eu

D’éclipse entière en son petit trésor.

La reine de Pologne, paroît-il, ne l’oublioit pas ; il a reçu d’elle une lettre de change et il est dans un grand embarras pour lui faire des remercîments en rapport avec un tel bienfait.

Après tout, l’argent est reçu. Saint-Amant, reconnaissant, se propose de donner en retour à la reine quelque ouvrage digne d’elle. Mais quel ouvrage lui présenter ? Déjà c’est à elle qu’est dédié le Moïse ; il a chanté toutes ses grossesses : il se décide à écrire une seconde idylle héroïque, la Généreuse.

Ce second poème est peu connu. Il fut composé en 1656 à l’occasion du combat de Varsovie, où la reine de Pologne elle-même commanda les canons pendant trois jours et aida son mari Casimir à se raffermir sur le trône. Lorsque cette pièce parut, en 1658, l’auteur écrivit à la princesse palatine, sœur de la reine Marie-Louise, une épître dédicatoire où, après l’avoir priée de faire parvenir la Généreuse à la reine, il ajoute : « Elle apprendra par là qu’un de ses vieux et plus fidelles domestiques vit encore… pour souhaitter qu’elle se voye et bientost et de tout point retablie au fleurissent et paisible état où il a eu le bonheur