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qu’elle mourut bientôt après, aussi bien qu’un frère que le ciel lui avoit donné ; mais il se contenta de montrer l’un et l’autre comme deux astres qui paraissent en même temps qu’ils descouvrent leur splendeur. » (Mémoires de Marolles.)

Saint-Amant eut tort d’oublier les prédictions malencontreuses de Marot et le si qua fata aspera rumpas de Virgile. Sa pièce, d’ailleurs, ne méritoit pas un meilleur succès. Ses stances sur la grossesse, ses sonnets sur les prochaines couches de la reine et sur la naissance du prince de Pologne, n’ont rien de remarquable.

Saint-Amant passa deux années en Pologne. Il ne rentra en France qu’en 1651, après avoir fait, de la part de Marie de Gonzague, un voyage de Stockholm, qui lui profita peu, pour assister au couronnement de la reine de Suède. Il revint par la Hollande, et, forcé par le vent contraire d’attendre douze ou quinze jours à l’embouchure de la Meuse, il composa un caprice marinesque intitulé la Rade, où il se plaint fort du capitaine de son vaisseau :

C’est, en Bartas, un donne-ennuy,

c’est-à-dire, dit-il dans une note de la table, en style de du Bartas, — « raillerie sur les épithètes composez de du Bartas. »

Il se mit, dès son retour, à corriger son Moïse, et le refit presque entièrement. L’ouvrage fut « achevé d’imprimer pour la première fois le 22 novembre 1653 », et put être mis en vente cette même année, puisqu’il avoit son privilège depuis le 20 octobre. Cette date contredit l’assertion du savant M. de Montmerqué, qui dit, dans une de ses notes sur Tallemant : « Le Moïse ne fut imprimé qu’en 1660, et le privilège avoit été accordé dès le 20 octobre 1653. » (Edit. in-18.)

Saint-Amant, malade alors, n’avoit pu surveiller l’impression de son livre : c’est ce qu’il dit lui-même dans une lettre inédite à M. Bochart du 5 mars 1654. Lorsqu’il l’écrivit, il étoit à Rouen, et y faisoit valoir cette