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nous eût trahi le secret de ces noms monosyllabiques si Saint-Amant n’avoit pris la peine de nous en instruire.

Le poète, dans la préface de la pièce où il décrit le Passage de Gibraltar, nous apprend qu’il la composa « à l’aspect des estoilles qui nous regardaient boire, et le verre, non la plume, à la main ».

Arrivé heureusement a la côte de Provence, le comte d’Harcourt contribua à la prise des îles Saint-Honorat et Sainte-Marguerite, s’empara d’Orestani, en Sardaigne, et eut tout l’honneur de cette expédition.

Cette campagne d’Italie et d’Espagne a tracé dans la vie de Saint-Amant un sillon qu’il a semé de pièces nombreuses. — À Paris, il avoit chanté le printemps dans un sonnet ; il chante l’été à Rome, l’automne aux Canaries, l’hiver aux Alpes : il a des sonnets pour toutes les saisons. À Cazal, qu’il secourt avec un sonnet, il félicite le comte d’Harcourt de ses victoires dans les îles du Levant, et

Il pense avec raison qu’enfin toute la terre
Sera, comme la mer, trop étroite pour lui.

Mais notre histoire a marché comme le comte d’Harcourt : il nous faut revenir sur nos pas.

Un an après s’être embarqué, Saint-Amant revint à Paris. En effet, en 1638, lorsque maître Adam Billaut, cet homme qui, dit Baillet, fait plus d’honneur aux menuisiers qu’aux poètes, vint à Paris, ce fut à Saint-Amant d’abord qu’il voulut être présenté. Saint-Amant lui consacra une épigramme et un impromptu, sans lui donner trop de ces éloges si souvent mendiés par les auteurs.

De retour l’année suivante (1639) en Piémont, il alla avec l’armée du comte secourir Cazal (1640), et assista à la bataille d’Ivrée (1641), où le cardinal de Savoie fut vaincu par d’Harcourt. En 1643 il étoit à Rome, où il avoit déjà fait un premier voyage sur les galères du maréchal de Créquy, en 1633, lorsque le maréchal alla négocier avec le pape Urbain VIII la dissolution du premier mariage de Gaston d’Orléans.