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ODE

À Leurs Serenissimes Majestez de la Grand’Bretagne.



Dieux ! en quel aymable sejour,
En quel lieu de gloire et d’amour
M’ont conduit Zephire et Neptune !
Suis-je en ce doux climat des astres adoré,
Où, bien loin de toute infortune,
Les cieux font refleurir le beau siecle doré !

Ce plaisant fleuve, que je voy
Se couler si bien après soy,
Fend-il les champs de l’Angleterre ?
Pressay-je ce terroir aux herbages espais
Qui voit toute l’Europe en guerre
Cependant qu’il jouit d’une eternelle pais ?

Ouy, c’est ce païs bien-heureux
Qu’avec des regards amoureux
Le reste du monde contemple ;
C’est cette isle fameuse où tant d’avanturiers
Et tant de beautez sans exemple
Joignirent autresfois les myrthes aux lauriers.

Icy, predisaut maint destin
Un homme engendré d’un lutin[1]
Sema de merveilleux oracles
Icy fut esprouvé l’arc des loyaux amans ;

  1. L’enchanteur Merlin.