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dans ses pièces de débauche et de satire outrée.

C’est à son mérite bien reconnu dans les deux camps et à sa liaison avec les premiers fondateurs de l’Académie françoise que Saint-Amant dut de faire, dès l’origine, partie de cette société, sans avoir même songé à solliciter cet honneur.

Les premiers membres des réunions de Conrart avoient été Godeau, Gombauld, Giry, Chapelain, Philippe Habert de Montmort et son frère Germain Habert de Cerisy, Conrart, Serisay et Malleville ; à eux se joignirent Faret, Desmarets et Bois-Robert ; puis, lorsque le cardinal en voulut former un corps, on ; ajouta à la fois Bautru, Silhon, Sirmond, Bourzeys, Méziriac, Maynard, Colletet, Gomberville, Colomby, Baudoin, L’Estoille, Porchères d’Arbaud et enfin Saint- Amant.

Dans sa réunion du 2 janvier 1635, l’Académie avoit ordonné que chacun de ses membres, dans un ordre déterminé par le sort, lirait un discours sur telle matière qu’il lui plairait. Trois académiciens sans plus, dit Pellisson, « se dispensèrent de faire cette sorte de discoure a leur tour, quoiqu’ils en fussent très capables » : Serisay, Balzac et Saint-Amant ; mais ce dernier — vouloit-il donner une preuve de zèle ? — offrit de recueillir pour le dictionnaire les termes d’abord appelés crotesques ou grotesques, puis par Sarasin bourlesques, de l’italien burlesco, et enfin burlesques.

Ce travail d’érudition étoit facile à Saint-Amant ; ces termes lui étoient familiers, et, s’il faut l’en croire, il étoit le premier à avoir composé dans le genre burlesque des poèmes suivis. Les paroles de Saint-Amant contredisent l’opinion de ceux qui regardent le poème de Typhon ou la Gigantomachie, par Scarron, comme le premier en date de tous les ouvrages de cette espèce.

Quant au genre créé par Saint-Amant, il obtint rapidement en France une faveur qu’expliquent et sa’nouveauté, et Ie caractère plaisant des œuvres de Scarron, qui l’adopta aussitôt. Bientôt les libraires ne voulurent rien accepter qui ne portât ce nom de burlesque, et l’etendirent, pour abuser le public, aux ouvrages les plus sérieux, comme le poème de la Passion de Notre Sei-