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LE PARESSEUX.

SONNET.


Accablé de paresse et de melancholie,
Je resve dans un lict où je suis fagoté,
Comme un lievre sans os qui dort dans un pasté,
Ou comme un Dom-Quichot en sa morne folie.

Là, sans me soucier des guerres d’Italie,
Du comte Palatin, ny de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon ame en langueur est comme ensevelie.

Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je voy des-jà s’en enfler ma bedaine,

Et hay tant le travail, que, les yeux entr’ouvers,
Une main hors des draps, cher Baudoin[1], à peine
Ay-je pû me resoudre à t’escrire ces vers.


  1. Jean Baudoin, un des premiers membres de l’Académie françoise, étoit de Pradelle, dans le Vivarois. Non moins fécond traducteur que l’abbé de Marolles, il a laissé un nombre considérable d’ouvrages. — Il est mort en 1650.