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Quoué d’un estoc au vieux lou[1],
Pour n’aller jamais à la guerre.
Se pennade dans un parterre
Dont les horions sont les fleurs,
Les divers habits les couleurs,
Les fueilles les badauts qui tremblent,
Et où tous ses supposts s’assemblent,
Yvres de biere et de petun,
Pour faire un sabat importun.
Adieu, maquerelles et garces ;
Je vous prevoy bien d’autres farces
(Poetes sont vaticinateurs)
Dans peu vous et vos protecteurs
Serez hors de France bannies
Pour aller planter colonies
En quelque Canada loingtain.
Le temps est près, et tout certain :
Ce n’est point un conte pour rire.
Vous aurez beau crier et dire :
J’appartiens à Monsieur un tel ;
Quand vous embrasseriez l’autel,
Quand pour vous en penser distraire
Vous vous soumettriez à la haire,
Si faudra-t-il marcher pourtant.
Ô ! si l’on en faisoit autant
À toutes celles dont la vie
Dessus vostre mestier renvie,
Que Paris se depeupleroit !
Presque sans femmes il seroit.
Adieu, grande et fameuse Greve[2],

  1. Portant par derrière un bâton ferré des deux bouts, propre à chasser le loup.
  2. C’est sur la Grève que se faisaient les exécutions :

    À la fin tous ces jeux que l’athéisme élève
    Conduisent tristement le plaisant à la Grève. (Boileau)