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Ou vous priez que l’on vous fasse
Sur tous les attraits d’une face,
Autant de long que de travers,
Quelque beau quatrain de six vers.
Si dessus un nom d’importance,
On vous dit quelque sotte stance,
Vous l’exaltez par des transports,
En grimassant d’ame et de corps ;
Et si d’un nom qu’on chiffle au Louvre,
Quelque ouvrage excellent on couvre
En le prononçant vilement,
Vous ne l’estimez nullement.
Si vous oyez un equivoque,
Vous jettez d’aise vostre toque
Et prenez son sens malautru
Pour un des beaux mots de Bautru[1],
J’ay veu qu’un sonnet accrostiche
Anagrammé par l’emistiche[2],
Aussi bien que par les deux bouts,

  1. Bautru de Serant, né vers 1588, mort en 1665, a l’âge d’environ 77 ans, fut un des beaux esprits du règne de Louis XIII et de la Régence. Le Menagiana est plein de ses bons mots et de ses farces. Voy. aussi Tallemant, III, 98, édit. in-18. — Bautru étoit de l’Académie françoise. Pellisson ne cite aucun de ses ouvrages ; cependant l’Onosandre ou l’Âne-homme, qui se trouve dans le Cabinet satyrique, est signé de lui. On a dit de lui, grâce a sa femme, qui garda son nom de Nogent pour ne pas entendre prononcer à l’italienne par Marie de Médicis le nom de Bautru : risum fecit, sed ridiculus fuit.
  2. Il seroit trop long de donner la liste de tous les versificateurs d’ordre infime, depuis Fortunat, Théocrite même, jusqu’au poète de Saint-Amant, qui ont cherché de semblables difficultés. M. Peignot a donné une poétique curieuse, sinon complète des genres dont se moque Saint-Amant. Dans la Bibl. du théâtre franç. on cite une puérilité de ce genre qui mérite d’être signalée (III, p. 65-66) : « Hugues Millotet, prieur, chanoine en