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Le voilà sur notre horison
En sa pointe première.
Ô que l’Ethiope a raison
D’adorer sa lumière !
Et qu’il doit priser la couleur
Qui luy vient de cette chaleur !

C’est le dieu sensible aux humains,
C’est l’œil de la nature ;
Sans luy les œuvres de ses mains
Naistroient à l’advanture,
Ou plustost on verroit périr
Tout ce qu’on voit croistre et fleurir.

Aussi pleine d’un sainct respect,
Quand le jour se rallume,
La Terre, à ce divin aspect,
N’est qu’un autel qui fume,
Et qui pousse en haut comme encens
Ses sacrifices innocens.

Au vif esclat de ses rayons,
Flattés d’un gay zephire,
Ces monts sur qui nous les voyons
Se changent en porphyre,
Et sa splendeur fait de tout l’air
Un long et gracieux esclair.

Bref, la nuict devant ses efforts,
En ombres séparée,
Se cache derrière les corps
De peur d’estre esclairé,
Et diminue ou va croissant,
Selon qu’il monte ou qu’il descent.

Le berger, l’ayant révéré
À sa façon champestre,
En un lieu frais et retiré