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Voilà ce qu’une ire equitable
Fit prononcer, estant à table,
De haine ardemment excité
Contre cette infame cité,
Au plus benin de tous les hommes
Qui boivent au temps où nous sommes.

Ô bon yvrongne ! ô cher Faret !
Qu’avec raison tu la mesprises !
On y voit plus de trente eglises,
Et pas un pauvre cabaret.



L’ENAMOURÉ.


Pardieu ! j’en tiens, c’est tout de bon,
Ma libre humeur en a dans l’aile,
Puis que je prefere au jambon
Le visage d’une donzelle.
Je suis pris dans le doux lien
De l’archerot idalien.
Ce dieutelet, fils de Cyprine,
Avecques son arc my-courbé,
A feru ma rude poitrine
Et m’a fait venir à jubé[1].

Mon esprit a changé d’habit :
Il n’est plus vestu de revesche[2] ;
Il se r’affine et se fourbit
Aux yeux de ma belle cheyesche[3].
Plus aigu, plus clair et plus net

  1. M’a soumis.
  2. Revesche, étoffe de laine à poil long, fabriquée en Angleterre.
  3. Chouette, fresaye.