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Personne ne poussa si loin que Saint-Amant la crainte d’une accusation de plagiat. Écoutez-le : « Si je ly, dit-il, les œuvres d’un autre, ce n’est que pour m’empescher de me rencontrer avec luy en ses conceptions. » Dans ce cas particulier, voulez-vous savoir comment il distingue sa part de celle d’Ovide ? — Écoutez-le encore : « Ovide, dit-il, a traité devant moy les fables que j’ay escrites après luy, je le confesse ; mais je n’ay pris de luy que le sujet tout simple, lequel j’ay manié et conduit alors selon ma fantaisie ; que s’il se rencontre en quelque endroit des choses qu’il ait dites, c’est que je les ay trouvées si convenables et si nécessaires que la matière me les eût fournies d’elle-même quand il ne m’en auroit pas ouvert le chemin, et que je ne les pouvois ôter sans faire une faute. »

Toutes ces créations (ce n’est pas sans scrupule que je me résigne à ce mot) sont assez pâles. La première, Andromède, est écrite en vers de huit syllabes, comme les pièces qui précédent.

La strophe, ici, ne manque pas d’harmonie ; mais Saint-Amant semble gêné par son mètre, et ses vers font souvent l’effet de véritables bouts-rimés, sans vigueur et sans éclat.

Nous préférons de beaucoup la Métamorphose de Lyrian et de Sylvie, où se trouvent quelques passages fort heureux, quoique souvent gâtés par des traits de mauvais goût, des vers prosaïques et communs, enfin des détails recherchés, — mais non trouvés, — effet inévitable de ce faux goût pour les pointes molles du madrigal italien.

L’Arion, rapproché des poésies qui précèdent, atteste encore un certain progrès. Il y a de beaux vers, biens sentis, et du meilleur effet. Ainsi, lorsqu’il chante Arion

Qui revoit ondoyer, par un décret fatal,
La fumée à flots noirs sur son vieux toit natal[1],

  1. Ces vers rappellent ceux de Du Bartas, sur les migra-