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Paris, où fleurit un Cormier[1],
Qui des arbres est le premier ;
Paris, qui prend pour son Helaine
Une petite Magdelaine ;
Paris, qui presente à nos yeux
La Pomme de pin[2], qui vaut mieux
Que celle d’or, dont fut troublée
Toute la divine assemblée ;
Paris, qui, croissant tous les jours,
Contient dans l’un de ses faubourgs
Mainte autre ville toute entiere ;
Paris, où dans un cimetiere,
Fait pour enterrer les ennuis,
Nous avons tant passé de nuicts ;
Paris, enfin, ce petit monde,
Où tout contentement abonde,
Et dans qui les plus grands desirs
Se peuvent saouller de plaisirs.
Ha ! je t’entends, ces mots te pressent,
Et desjà tes yeux me confessent
Que tu ne sçaurois le quitter
Sans de toy-mesme t’absenter.
Relasche un peu ta servitude,
Ne cherche point la solitude,
Si ce n’est par fais dans ces vers.
Que j’ay donnez à l’univers.
Laisse les soings pour d’autres testes,
Laisse les forests pour les bestes,
Laisse les eaux pour les poissons,
Et les fleurs pour les limaçons ;

  1. C’était à la fois le nom d’un cabaretier et d’un cabaret de la rue des Fossés-Saint-Germain-l’Auxerrois, maintenant en partie détruite. — Voy. Ed. Fournier, ouvr. cité.
  2. Ce cabaret, célébré par Villon, Rebelais et Régnier, étoit