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Je ne je luy jettois tant de fange
Sur les habits de sa louange,
Que son lustre pernicieux
N’esblouyroit jamais tes yeux.
Mais ja n’advienne que j’y pense,
Je sçay bien que la recompense
Des bons services que tu rends
À ton maistre[1], l’honneur des grands
T’oblige bien moins à le suivre
Que ne fait la gloire de vivre
Sous un tel prince, qu’aujourd’huy
Ce nom-là n’est propre qu’à luy.
Quel sujet doncques pourroit-ce estre ?
N’est-ce point un desir champestre
De visiter à ce printemps
Les bois, les rochers, les estangs,
Y voir nager l’ombre d’un arbre ;
Contempler un palais de marbre,
Ou durant un temps chaud et clair
Regarder les ondes de l’air,
Qui semble trembler sur la terre
De la peur qu’il a du tonnerre ?
Puis admirant sur les sillons
Les ailes des gais papillons,
De mille couleurs parsemées,
Les croire des fleurs animées,
Qui volent au gré des zephirs
Vers les cieux plus beaux que saphirs ?
Ou tantost morne et solitaire,
Revant à quelque haut mystere,
Que les Muses, ces belles sœurs,
Montrent avec tant de douceurs,

  1. Il s’agit ici du comte d’Harcourt, dont Furet étoit secrétaire.