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Si le gallant[1] en maroquin,
Et faisant trotter le pasquin,


    Car un pourceau de sa nature
    Trouve les excremens doux…

    D’Audiguier se vengea par quelques stances et aussi par un long portrait de Maillet sous le nom de Maillard. — V. aussi Epsistres franç. du sieur Daudiguier, in-8, 1618, p. 499 et s.

    Maillet étoit de la cour de la reine Marguerite, « qui le retenoit à ses gages avec beaucoup d’autres. Elle prenoit un singulier plaisir lorsqu’à ses heures de repos et de divertissement, il luy venoit réciter ses vers, ce qu’il faisoit avec des grimasses et sur un ton de voix si bizarre et si surprenant, qu’il estoit, en effet, bien malaisé de s’empescher de rire ; jusque là que, dans la chaleur du récit et dans l’encens qu’il s’offrait à luy-mesme, il s’emportoit quelquefois jusqu’au point de tordre et d’arracher autant de bouttons à celuy qui l’escouttoit et auquel il recitoit face à face quelque pointe de sonnet, d’épigramme ou de stance.»

    Devenu amoureux sans retenue de la femme d’un conseiller au parlement de Bordeaux, nommé de Jehan, il lui dédia, en 1616, le recueil de ses poésies imprimé in-8, à Bordeaux. Tombé en disgrâce plus tard, il fit sur son malheur des stances, dont voici la première :

    Helas ! Je sens ma peine et ne sais mon peché !
    Dedans mes actions mon esprit l’a cherché
    Sans avoir rien trouvé digne de ce supplice.
    Mais, bien que sur ma faute il n’ait porté les yeux.
    J’ay failly : car, estant de la race des dieux,
    Ma reyne ne pourrait commettre d’injustice.

    En 1620, il fit imprimer à Paris, in-8, toutes ses épigrammes, dont la première a été attribuée à tort à Saint-Amant :

    Si Jacques, le roy du savoir,
    Ne fut curieux de me voir,
    En voicy la cause infaillible :
    C’est que ravy de mon escrit,
    Il crut que j’estois tout esprit.
    Et par conséquent invisible.

  1. Le daubant ; frappant sur son maroquin, sur sa peau. — Voy. Furetière.