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Par ce jambon couvert d’espice,
Par ce long pendant de saucisse,
Par la majesté de ce broc,
Par masse, toppe, cric et croc,
Par cette olive que je mange,
Par ce gay passeport d’orange,
Par ce vieux fromage pourry,
Bref, par Gillot, ton favory,
Reçoy-nous dans l’heureuse trouppe,
Des francs chevaliers de la couppe,
Et, pour te montrer tout divin,
Ne la laisse jamais sans vin.




LES CABARETS.

À mon cher amy Monsieur Faret.


Faret, mon compagnon d’office,
Quand il faut faire un sacrifice,
Dedans quelque joyeux hostel
Où la table fournit d’autel ;
Helas ! quel demon plein d’envie
Traversant nostre heureuse vie,
Quel demon, dis-je, amy de l’eau,
Te conduit à Fontainebleau[1] ?
Ce vain esclat de la fortune,
Qui bien souvent est importune
À ceux mesme qu’elle assouvit
De la grandeur qui nous ravit,
Auroit-il bien tant de puissance
Que de t’oster la jouyssance

  1. Allusion à l’étymologie Fontaine-belle-eau.