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LA JOUYSSANCE[1].


Loin de ce pompeux edifice

Où nos princes font leur sejour,
Et lassé de voir à la cour
Tant de contrainte et d’artifice,
J’estois libre dans ma maison,
Bien que mon cœur fust en prison
Dans les beaux yeux de ma Sylvie ;
Et, sans craindre en amour l’inconstance du sort,
Je menois la plus douce vie
Qu’on puisse voir passer par les mains de la Mort.

Mes sens en bonne intelligence
S’entendoient avec mes desirs,
Me recherchans mille plaisirs
D’une soigneuse diligence.
Chacun admiroit mon bonheur ;
Le Ciel, pour me combler d’honneur,
Ne juroit que par mon merite,

  1. On trouve des pièces fort passionnées sous ce titre dans les œuvres de Mme de la Suze. — Le sieur de la Croix, dans son Art poétique, a cru devoir faire de ce titre particulier un genre de poésie dont il donne le caractère et les lois, comme il fait pour le rigaudon ou la crevaille, par exemple. — Voyez aussi, dans les Muses illustres, un sonnet sur le même sujet.