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PLAINTE.

sur la mort de Sylvie.


Ruisseau qui cours après toy-mesme,

Et qui te fuis toy-mesme aussi,
Arreste un peu ton onde ici
Pour escouter mon dueil extresme ;
Puis, quand tu l’auras sceu, va-t’en dire à la mer
Qu’elle n’a rien de plus amer.


Raconte-luy comme Sylvie,
Qui seule gouvernoit mon sort,
A receu le coup de la mort
Au plus bel age de la vie,
Et que cet accident triomphe en mesme jour
De toutes les forces d’Amour.


Las ! je n’en puis dire autre chose,
Mes souspirs trenchent mon discours.
Adieu, ruisseau, repren ton cours
Qui non plus que moy ne repose ;
Que si, par mes regrets j’ay bien pu t’arrester,
Voilà des pleurs pour te haster.