Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/141

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Si plustost on ne dit que, pour estre divin,
Ô livre nompareil ! tu n’as point eu de fin.
Et je n’en mettray point à l’ennuy qui me ronge,
Car, soit que ton autheur me vienne voir en songe,
Ou que je pense à luy comme je fais tousjours,
Mes larmes et mes cris auront un mesme cours ;
Ma pitié luy veut rendre à jamais cet hommage ;
En tous lieux où j’iray sa vaine et pasle image,
Visible à moy tout seul, et regretable à tous,
Me contera sa mort, me monstrera ses coups,
Et, m’inspirant au cœur ce que pour allégeance
Luy pourra suggérer une horrible vengeance
Contre cet assassin rempli de trahison
Qui termina ses jours en leur verte saison,
Me mettra dans les mains les plus pesantes chaisnes,
Les feux les plus ardens et les plus longues gesnes,
Pour en punir ce monstre, et faire un chastiment
Que l’on puisse esgaler à mon ressentiment.