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Ô ! le plus beau des dieux, et le plus adorable,
Toy qui, par ta valeur, aux mortels favorable,
Fis que l’affreux serpent expira sous tes coups,
Hélas ! pren soin de nous.

Phebus, que les neuf Sœurs reconnoissent pour maistre,
Prince de la lumiere, à qui tout doit son estre,
Grand et nompareil astre aux flamboyans cheveux,
Sois propice à nos vœux.

Supreme deïté dont les sacrez oracles
Dans le temple de Delphe annoncent des miracles,
Seul arbitre du temps, qui sans toy ne peut rien,
Travaille à nostre bien.

Dissippe la fureur de ces noires tempestes,
Que le malheur prepare à foudroyer nos testes ;
Et, pour nous retirer de la nuict du tombeau,
Preste-nous ton flambeau.

Nous sommes bien certains qu’Eole te revers ;
Si ta faveur l’ordonne, au lieu d’estre severe,
ll montrera pour nous autant d’affections
Que pour ses Alcions.

ll calmera les flots que son sceptre gouverne,
Enchaisnera Borée au fond de sa caverne,
Et laissera courir Zephire seulement
Sur ce vaste element.

Il n’avoit pas encore achevé son cantique
Que le soleil se plonge en la mer Atlantique,
Que le Peloponese apparoît à leurs yeux,
Et que l’obscurité leur derobe les cieux.
Soudain que ces accors sur les eaux s’estendirent,
Mille et mille poissons en foule se rendirent
Autour de ce vaisseau, mais sans bruit toutesfois,
Pour gouster de plus prez une si belle vois.