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LA MÉTAMORPHOSE

de lyrian et de sylvie[1]

À Me D. L. B.


Cruel et beau sujet de peines obstinées !
À quoy m’ont reservé les noires destinées,
Pour me faire souffrir en l’empire amoureux
Tout ce que les enfers ont de plus rigoureux ?
Puis que vous refusez à l’ennuy qui m’afflige
Le moindre allegement dont l’espoir nous oblige,
Puis que mesme les pleurs en secret epandus
Par vos severitez m’ont esté defendus,
Permettez qu’en ces vers, où je me veux depeindre
Sous un nom emprunté, mon cœur se puisse plaindre,
Et que mes passions vous content aujourd’huy
La grandeur de mon mal par la bouche d’autruy.
Je vous veux reciter la plus estrange histoire
Qui sur l’oubly mortel ait jamais eu victoire.
Facent les justes cieux qu’en fin, sans vous fascher,
Le merveilleux progrez vous en puisse toucher.

  1. À l’imitation d’Ovide, plusieurs poètes, avant et après Saint-Amant, ont fait de ces sortes de pièces. Une des plus célèbres est la Métamorphose des yeux de Philis en astres, par Germain Habert de Gérisy. V. aussi le Temple des muses, 3e partie, publié en 1611, par Raphaël de Petit-Val, et les Œuvres du P. Lemoine.