Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
QUERELLE AVEC MAUPERTUIS.

reuse, s’était acquis un certain renom d’ingénieur ; Algarotti, l’auteur du Newtonianismo per le donne ; Euler, enfin, l’illustre géomètre que la Russie n’avait pas su retenir.

Cette Académie des sciences était, pendant le séjour de Voltaire en Prusse, le siège de beaucoup d’intrigues. Comme il arrive d’ordinaire auprès des monarques absolus, la faveur du roi y était la principale affaire, et la science ne venait qu’en seconde ligne ; de là mille petites querelles intestines que Frédéric, tout philosophe qu’il était, entretenait volontiers, parce qu’elles tournaient au profit de son autorité.

C’est ainsi que commencèrent entre Maupertuis et Voltaire les célèbres démêlés à la suite desquels celui-ci quitta la cour de Prusse.

Maupertuis était président de l’Académie. Arrivé auprès de Frédéric avant Voltaire, il n’avait pas vu sans jalousie cet hôte illustre venir s’emparer de la familiarité du roi. Voltaire avait des faveurs qui étaient refusées à Maupertuis ; il était comme l’ami de Frédéric, dont Maupertuis n’était que le serviteur ; il régnait dans les petits soupers, où Maupertuis n’était pas même toujours admis.

Le président de l’Académie de Berlin entreprit de miner sourdement le crédit de son brillant rival. Il excita d’abord contre lui, le jeune La Beaumelle, qui, vers la fin de 1751, venait d’arriver de Copenhague à Berlin dans l’intention d’y chercher fortune. La Beaumelle commença dès lors contre Voltaire ces attaques incessantes qui se continuèrent longtemps après, et qui ont fini par donner à son nom une certaine célébrité. Mais la guerre éclata bientôt directement entre Voltaire et Maupertuis, et l’occasion de leur rupture fut une discussion d’ordre essentiellement scientifique.