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LA GÉNÉRATION D’APRÈS BUFFON.

mâle ; celle de la femelle est un extrait de toutes les parties du corps de la femelle. » La génération se fait par le mélange des deux liqueurs. Le fœtus est mâle si le nombre des molécules organiques du mâle prédomine dans le mélange ; il est femelle si le nombre des parties organiques de la femelle est le plus grand ; et l’enfant ressemble au père ou à la mère, ou bien à tous les deux, selon les combinaisons différentes des molécules issues des deux sources.

Le fœtus se forme par la fixation des molécules organiques, qui, animées de mouvements très-vifs quand elles sont libres, viennent alors s’arrêter et s’enchevêtrer dans un ordre déterminé. Chacune se met à la place qui lui convient, et cette place ne peut être que celle qu’elle occupait auparavant dans l’animal, ou plutôt dont elle a été renvoyée parce que la nutrition était complète. « Ainsi toutes les molécules qui auront été renvoyées de la tête de l’animal se fixeront et se disposeront dans un ordre semblable à celui dans lequel elles ont été en effet renvoyées ; celles qui auront été renvoyées de l’épine du dos, se fixeront de même dans un ordre convenable tant à la structure qu’à la position des vertèbres, et il en est de même de toutes les autres parties du corps… Par conséquent, les molécules formeront nécessairement un petit être organisé, semblable en tout à l’animal dont elles sont l’extrait. »

Buffon fait remarquer ici que le mélange des liqueurs où se forme le fœtus contient en double les molécules issues des parties qui sont semblables dans les deux sexes, comme la tête, le cœur, ou tel autre organe commun aux deux parents. Il ne contient, au contraire, qu’une provision simple de ce qu’il faut pour former les parties propres du sexe. Ce sont donc ces parties qui, sujettes à moins de confusion, se fixeront les premières et feront le noyau de l’embryon.