Page:Saigey - Les Sciences au XVIIIe siècle.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

Hartsœker, Aubry et d’autres observateurs découvrirent des vers spermatiques dans la liqueur séminale des animaux mâles ; ces petits vers, que le microscope montrait animés des mouvements les plus vifs, parurent être les germes mêmes des êtres vivants. L’élément masculin se trouvait dès lors investi du rôle le plus important ; c’est lui qui était réellement fécond.

Les physiologistes se partageaient entre la doctrine d’Harvey et celle de Leeuwenhoeck, entre les œufs et les vers spermatiques.

C’est entre ces deux systèmes, et pour les renverser tous deux, que Buffon vint placer sa propre théorie.

Suivant lui, le corps des animaux mâles comme celui des animaux femelles est formé de ces fameuses molécules organiques, qui sont des parties primitives et indestructibles et qui sont d’ailleurs tout à fait spécialisées suivant les différentes régions du corps ; il y a ainsi des molécules particulières pour chacune des portions de la tête, comme les yeux, le nez, les dents, etc., et pour chacune des parties du corps, comme l’épine dorsale, les bras, les jambes, les mains, les pieds. Chacune de ces portions attire à elle les molécules qui sont propres à la former, et c’est en cela d’abord que consiste le phénomène de la nutrition ; chaque section du corps se nourrit par les parties des aliments qui lui sont analogues.

Quand la nutrition est complète, l’excédant des molécules des différentes espèces qui ont été introduites dans l’organisme va se réunir dans la liqueur séminale, et cela a lieu dans un sexe aussi bien que dans l’autre. « Ces liqueurs séminales sont donc un extrait de toutes les parties du corps de l’animal ; celle du mâle est un extrait de toutes les parties du corps du