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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

vie vient des germes, et, quand je prends soin de les tuer, les infusions sont stériles. — Elles le seraient à moins, répliquait Needham ; vous commencez par détruire à l’aide du feu les conditions mêmes où la vie est possible ; il n’est pas étonnant dès lors que vous ne voyiez apparaître aucun être vivant. Ce ne sont pas les germes que vous avez tués, c’est l’air de vos ballons que vous avez rendu mortel. — Spallanzani, pour répondre à cet argument, cherchait à se passer du feu : il essayait de filtrer l’air introduit dans les récipients et d’empêcher mécaniquement l’entrée des germes ; il reproduisait ainsi dans des conditions nouvelles de précision et d’exactitude l’ancienne expérience du médecin florentin Redi, qui avait montré qu’on empêchait une viande de se putréfier en la recouvrant d’une gaze très-fine ; mais ses procédés d’expérimentation n’étaient pas assez parfaits pour qu’il pût arriver à des résultats décisifs.

Comme on le voit, la controverse entre les hétérogénistes, ou partisans de la génération spontanée, et les panspermistes, ou partisans des germes, se produisait au temps de Voltaire dans les formes mêmes où nous l’avons vue renaître de nos jours.

La question de la variabilité des espèces fut encore une de celles dans lesquelles Voltaire intervint ; cette question en effet se lie naturellement à celle de la génération spontanée.

En supposant que la matière peut s’organiser sans germes, et donner ainsi naissance à des êtres inférieurs ; en y ajoutant que les espèces peuvent se modifier graduellement et former une série continue de végétaux et d’animaux de moins en moins imparfaits, on construit un système qui enferme dans un cadre unique tous les phénomènes de la nature vivante. On embrasse ainsi d’un seul coup d’œil la chaîne entière des êtres, — depuis