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LES GÉNÉRATIONS SPONTANÉES.

comme le faisait Needham, à la naissance des animaux infusoires. Ses recherches étaient d’ailleurs consciencieuses et précises ; il montrait comment, suivant la nature des dissolutions, variait celle des animaux qu’on y voyait naître ; il ne s’agissait donc pas de germes apportés par l’atmosphère, c’étaient bien les éléments mêmes de la dissolution qui formaient les nouveaux êtres.

Aussi Buffon adopta pleinement les idées de Needham, et il les appuya d’une théorie des molécules organiques.

Suivant lui, la vie réside dans les dernières molécules des corps. Ces molécules sont de petits organismes qui sont retenus par les tissus inertes, par les huiles, par les humeurs. Elles sont d’ailleurs indestructibles, incorruptibles ; la mort ne fait que les mettre en liberté ; elles sortent alors du moule où elles étaient enfermées, et pénètrent dans un moule nouveau pour former un autre corps vivant. C’est ainsi que la génération spontanée ne s’observe que dans des infusions contenant des matières végétales ou animales propres à être décomposées. Needham avait en effet posé cette restriction, dont Buffon donnait tout de suite la raison théorique.

Voltaire refusa énergiquement d’admettre les conséquences que l’on tirait des expériences sur les infusoires. Il faut dire qu’il était d’ailleurs en querelle avec Needham, qui avait entamé contre lui une controverse théologique et qui essayait de réfuter quelques-unes de ses attaques contre l’Écriture sainte. C’était aussi le temps où il était fort animé contre Buffon et disposé à se ranger en tout parmi ses adversaires. Aussi fait-il pleuvoir une grêle de traits, de récriminations, de plaisanteries, sur les essais de Needham et la théorie des molécules organiques. « Un jésuite irlandais nommé Needham s’avisa, dit-il, de croire et de faire croire que non-seulement il avait