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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

des poussins. Auprès de cette poule est une autre concrétion qui ressemble parfaitement à un morceau de lard avec sa couenne, de la longueur de près de trois pieds. Dans un bassin situé au milieu de la grotte, on trouve des pralines assez semblables à celles qui se vendent chez les confiseurs, et à côté la forme d’un rouet à filer avec la quenouille. La tradition rapporte même qu’on voyait autrefois dans l’enfoncement de la grotte une femme pétrifiée ; on ne distingue plus rien qui ressemble à une femme, mais le nom de grotte des Fées est resté à la caverne. Que ces faits tombent entre les mains d’un philosophe à systèmes, il ne manquera pas de prétendre qu’il est en face de pétrifications véritables. « Cette grotte, dira-t-il, était habitée autrefois par une femme ; elle filait au rouet, son lard était pendu au plancher ; elle avait auprès d’elle une poule avec ses poussins ; elle mangeait des pralines quand elle fut changée en rocher, elle, les poulets, son lard, son rouet, sa quenouille et ses pralines, comme la femme de Loth fut changée en statue de sel. »

Tout en tenant pour les « jeux de la nature », Voltaire convient qu’ils ne peuvent tout expliquer ; il y a des empreintes de poissons tellement caractéristiques, qu’on ne saurait les récuser. Il les présente du moins comme des cas isolés, des accidents fortuits. « On a trouvé dans les montagnes de la Hesse une pierre qui portait l’empreinte d’un turbot, et sur les Alpes un brochet pétrifié ; on en conclut que la mer et les rivières ont coulé tour à tour sur les montagnes. Il était plus naturel de soupçonner que ces poissons, apportés par un voyageur, s’étant gâtés, furent jetés et se pétrifièrent dans la suite des temps ; mais cette idée était trop simple et trop peu systématique. »

Quant aux coquilles mêmes, Voltaire fait observer qu’il y en