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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

rains de Paris ; mais ses enseignements étaient restés stériles, et sa voix n’avait pas eu d’écho.

Dans la seconde moitié du xviie siècle, la question fut reprise en Italie par plusieurs géologues, tels que Fabio Colonna, Scilla et surtout Stenon. Stenon était un Danois qui était venu professer l’anatomie à Padoue. Ses connaissances exactes en histoire naturelle lui permirent de ne pas se borner aux coquilles et de comparer aux animaux vivants certaines parties des animaux anciens. Ainsi certains corps en forme de fer de lance étaient considérés par le peuple comme des langues de serpent converties en pierres, et les savants les avaient désignés pour cette raison sous le nom de glossopètres ; on les classait parmi les pierres figurées formées, comme des jeux de la nature, par des forces mystérieuses. Stenon annonça et prouva que ce n’était autre chose que des dents d’une espèce de squale analogue à celle qui habite encore nos mers.

Quant aux coquilles, il montra qu’elles existent dans les divers terrains à différents degrés d’altération, les unes n’ayant d’autre caractère de fossilisation que l’absence de matière animale, tandis qu’à l’autre extrémité de l’échelle on en trouve qui sont pétrifiées dans le sens propre du mot, c’est-à-dire que, tout en conservant leur forme, elles n’ont plus rien de leur nature primitive.

La théorie des fossiles marins se dessinait donc très-nettement dans le livre que Stenon publia en 1669 sous un titre assez bizarre : De solido intrà solidum contento naturaliter. L’auteur avait voulu indiquer par ces mots qu’il s’occupait des différents corps, minéraux ou organiques, que l’on trouve renfermés à l’intérieur des roches. Depuis ce temps, un grand nombre de faits avaient été rassemblés. On savait que les cou-