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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

les matières, tour à tour fondues et glacées, formaient un chaos enveloppé d’épaisses ténèbres : Tenebrœ erant super faciem abyssi.

Tout à coup la comète devint une planète, c’est-à-dire que son orbite excentrique fut changée en une ellipse presque circulaire. Chaque chose prit alors sa place, les corps s’arrangèrent suivant leur gravité spécifique ; la terre, qui occupait un grand espace à l’état de chaos, se réduisit en un globe de volume médiocre, dont le noyau conserva la chaleur que le soleil lui avait communiquée quand elle pouvait s’en approcher sous forme de comète.

Ce noyau était un fluide très-dense sur lequel s’appuya la croûte terrestre comme du liège sur du vif-argent. Le contact n’était cependant pas direct entre le noyau et l’enveloppe ; entre l’un et l’autre s’était logée une immense quantité d’eau formant le grand abîme.

En cet état, la terre était mille fois plus peuplée et plus fertile qu’elle ne l’est aujourd’hui, grâce à l’intensité de sa chaleur propre ; mais cette chaleur, en même temps qu’elle communiquait à la nature une grande puissance de production, alluma les passions des hommes au point de rendre leur destruction nécessaire. Le déluge fut résolu, et la queue d’une comète vint rencontrer notre globe. Par l’effet de l’attraction, les vapeurs aqueuses qui composaient cette queue se précipitèrent aussitôt sur la terre, sous la forme d’une pluie abondante, et ce sont là les cataractes du ciel qui s’ouvrirent : Cataractœ cœli apertœ sunt.

Whiston avait là de quoi expliquer le déluge ; mais il tenait encore à justifier cet autre passage du récit mosaïque : et rupti sunt fontes abyssi. Il suppose donc qu’à l’approche de la comète et sous l’influence de l’attraction qu’elle exerçait, les eaux