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LA PHYSIQUE DE VOLTAIRE.

les sciences naturelles, Voltaire prend aux choses une part moins directe. En général, il n’expérimente pas lui-même, il se contente de suivre les travaux des naturalistes, et il est plus facile de regarder froidement les conquêtes des autres que celles qu’on a faites soi-même.

Voltaire d’ailleurs demande dans tous les sujets une clarté complète, il lui faut des vérités démontrées jusqu’à l’évidence. En physique, il a vu clairement les choses ; ce que l’on a fait soi-même est toujours clair. Dans les sciences naturelles, on ne lui présente la plupart du temps que des théories confuses ; il ne prend pas la peine d’y chercher les germes heureux qui peuvent s’y rencontrer, et il s’arme contre elles de toute sa verve.

Débarrasser la science des erreurs qu’on y a accumulées, faire au moins le terrain net à défaut de constructions nouvelles ; ramener les hommes aux faits simples et nus, à défaut d’explications raisonnables, tel est le but qu’il se propose.

C’est là, disons-nous, l’idée qui le guide d’ordinaire dans ses jugements ; mais il y a des exceptions. En parcourant les Singularités de la nature et quelques opuscules complémentaires, nous trouverons des occasions où sa critique est moins négative, et où elle met en lumière des détails intéressants que l’avenir doit féconder. Gardons-nous donc d’une opinion trop absolue, et, pour nous éclairer, prenons l’un après l’autre les principaux problèmes qui se présentaient aux contemporains de Voltaire.

Voici d’abord les questions relatives à la formation de la terre et ce que nous appelons maintenant les problèmes géologiques. Quelles étaient à cet égard les idées reçues, ou du