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desir est un poignard… elle se lève, elle retourne à cette horrible fenêtre, encore entr’ouverte, elle veut s’y précipiter, on s’y oppose ; elle demande son amant, on lui dit qu’il n’existe plus, et qu’elle est seule coupable de sa mort… elle frémit… elle s’égare, des mots sans suite sortent de sa bouche… des sanglots les interrompent… il n’y a que ses pleurs qui ne peuvent couler… ce n’est qu’alors qu’elle s’apperçoit qu’elle vient d’être la proie d’Oxtiern… elle lance sur lui des regards furieux. C’est donc toi, scélérat, dit-elle, c’est donc toi qui viens de me ravir à-la-fois l’honneur et mon amant ? Ernestine, tout peut se réparer, dit le comte… Je le sais, dit Ernestine, et tout se réparera sans doute ; mais puis-je sortir enfin, ta rage est-elle assouvie ? Sénateur, s’écrie la Scholtz, ne laissons pas échapper cette fille… elle nous perdra ; que nous importe la Vie de cette créature ?… qu’elle la perde, et que sa mort mette nos jours en sûreté. Non, dit le comte, Ernestine sent qu’avec nous les plaintes ne serviraient à