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reux, je le serais devenue sans le sauver, puisqu’il ne survivrait assurément pas à un tel comble d’horreur et de calomnie ; laissez-moi donc sortir, monsieur, ne vous rendez pas plus criminel que je ne vous soupçonne de l’être déjà… j’irai mourir près de mon amant, j’irai partager son effroyable sort, je périrai du moins digne d’Herman, et j’aime mieux mourir vertueuse que de vivre dans l’ignominie… Alors le comte entre en fureur… Sortir de chez moi, dit-il, embrâsé d’amour et de rage, t’en échapper avant que je ne sois satisfait, ne l’espère pas, ne t’en flatte pas, farouche créature… la foudre écraserait plutôt la terre, que je ne te rendisse libre avant que t’avoir fait servir à ma flamme, et tenant cette infortunée dans ses bras… Ernestine veut se défendre… mais en vain… Oxtiern est un frénétique dont les entreprises font horreur… Un moment… un moment… dit la Scholtz, sa résistance vient peut-être de ses doutes. Cela se peut, dit le sénateur, il faut la convaincre, et prenant Ernestine par la