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l’assemblée, c’était la première chose qu’on voulait examiner, le moindre défaut dans cette partie la faisait renvoyer à l’instant, si au contraire rien ne manquait à cette espèce de charmes, on la faisait mettre nue, et en cet état, elle passait et repassait, cinq ou six fois de suite, de l’un à l’autre de nos libertins ; on la tournait, on la retournait, on la maniait, on la sentait, on écartait, on examinait les pucelages, mais tout cela de sens froid, et sans que l’illusion des sens vint en rien troubler l’examen, cela fait, l’enfant se rétirait et à côté de son nom placé dans un billet, les examinateurs mettaient reçue ou renvoyée en signant le billet, ensuite ces billets étaient mis dans une boîte sans qu’ils se communiquassent leurs idées ; toutes examinées, on ouvrit la boîte, il fallait pour qu’une fille fût reçue, qu’elle eût sur son billet les quatre noms des amis en sa faveur, s’il en manquait un seul, elle était aussitôt renvoyée, et toutes inexorablement comme je l’ai dit à pied sans secours et sans guide, excepté une douzaine peut-être dont, nos libertins s’amusèrent quand les choix furent faits et qu’ils cédèrent à leurs maquerelles. De cette première tournée il y eut 50 sujets d’exclus, on repassa les 80 autres, mais avec beaucoup plus d’exactitude et de sévérité, le plus léger défaut devenait dès l’instant un titre d’exclusion, l’une belle comme le jour fut renvoyée parce qu’elle avait une dent un peu plus élevée que les autres, plus de vingt autres le furent parce qu’elle n’étaient filles que de bourgeois, 30 sautèrent à cette seconde tournée, il n’en restait donc plus que 50. On résolut de ne procéder à ce troisième40) examen qu’en venant de perdre du foutre par le ministère même de ces cinquante