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répondait drôlement, elle jouait, aimait beaucoup sa sœur, détestait souverainement l’évêque et craignait le duc comme le feu. Le jour des noces, quand elle se vit nue au milieu de 4 hommes, elle pleura et fit d’ailleurs tout ce qu’on voulut d’elle, sans plaisir comme sans humeur. Elle était sobre, très propre, et n’ayant autre défait que beaucoup de paresse, la nonchalance régnant dans toutes ses actions et dans toute sa personne malgré l’air de vivacité que ses yeux annonçaient. Elle abhorrait le président presque autant que son oncle et Durcet qui ne la ménageait pourtant pas était néanmoins le seul pour lequel elle eut l’air de n’avoir aucune répugnance. —

Tels étaient donc les 8 principaux personnages avec lesquels nous allons vous faire vivre30) mon cher lecteur. Il est temps de vous dévoiler maintenant l’objet de plaisir singulier qu’on se proposait. — Il est reçu parmi les véritables libertins que les sensations communiquées par l’organe de la langue sont celles qui flattent davantage et dont les impressions sont les plus vives, en conséquence nos quatre scélérats, qui voulaient que la volupté s’emprégnât dans leur cœur aussi avant et aussi profondément qu’elle y pouvait pénétrer avaient à ce dessein imaginé une chose assez singulière.31) — Il s’agissait après d’être entouré de tout ce qui pouvait le mieux satisfaire les autres sens par la lubricité, de se faire en cette situation raconter avec les plus grands détails et par ordre, tous les différents écarts de cette débauche, toutes les branches, toutes ses attenances, ce qu’on appelle en un mot en langue de libertinage toutes les passions. On n’imagine point en quel degré l’homme les varie,32) quand