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couds moi cette garce là dedans et va la jeter à la rivière.“ Le valet sort pour aller chercher le sac, je vous laisse à penser, si je profitai de cet intervalle, pour me jeter aux pieds du patron, et pour le supplier de me faire grâce, l’assurant que c’est Md. Guérin, sa maquerelle ordinaire, qui m’a placée elle-même là ; mais que je ne suis point une voleuse, — mais le paillard sans rien écouter, me saisit les deux fesses, et les paîtrissant avec brutalité : „Ah foutre,“ dit-il, „je vais donc faire manger ce beau cul-là aux poissons.“ Ce fut le seul acte de lubricité, qu’il parut se permettre, et encore n’exposa-t-il rien à ma vue, qui pût me faire croire, que le libertinage entrait pour quelque chose dans la scène, le valet rentra, apporta un sac ; quelques instances que je puisse faire, on me campe dedans, on m’y coud, et La Fleur me charge sur ses épaules, alors j’entendis les effets de la révolution de la crise chez notre libertin, et vraisemblablement il avait commencé à se branler, dès qu’on m’avait mise dans le sac au même instant où La Fleur me chargea, le foutre du scélérat partit. — „Dans la rivière — dans la rivière, entends-tu, La Fleur !“ disait-il, en bégayant de plaisir, „oui, dans la rivière, et tu mettras une pierre dans le sac, pour que la putain soit plutôt noyée !“ Tout fut dit, nous sortîmes, nous passâmes dans une chambre voisine où La Fleur ayant décousu le sac, me rendit mes habits, me donna deux louis, quelque preuve non équivoque d’une manière de se conduire dans le plaisir très différemment que son maître, et je revins chez la Guérin, que je grondai fort de ne m’avoir point prévenue, et qui pour se raccommoder avec moi, me fit faire deux jours après la partie suivante où