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se mit à table. On raisonna beaucoup pendant le dîner sur l’action d’Aline, on la croyait une St. Nitouche, et tout à coup voilà des preuves de son tempérament. „Eh bien,“ dit Durcet à l’évêque, „mon ami, faut-il s’en rapporter à l’air des filles ?“ Maintenant on convint unanimement qu’il n’y avait rien de si trompeur, et que, comme elles étaient toutes fausses, elles ne se servirent de leur esprit, qu’à l’être avec plus d’adresse, ces propos firent tomber la conversation sur les femmes et l’évêque, qui les abhorrait se livra à toute la haine, qu’elles lui inspiraient, il les ravala à l’état des plus vils animaux, et prouva leur existence si parfaitement inutile dans le monde, qu’on pourrait les extirper toutes de dessus la terre, sans nuire en rien aux vues de la nature, qui ayant bien trouvé autrefois le moyen de créer sans elles, le trouverait bien encore, quand il n’existerait que des hommes.192) On passa au café, il était présenté par Augustine, Michette, Hyacinthe, et Narcisse. L’évêque dont un des plus grands plaisirs simples était de sucer le vit des petits garçons s’amusait depuis quelques minutes à ce jeu avec Hyacinthe, lorsque tout à coup, il s’écria en retirant sa bouche pleine. „Ah, secondez, mes amis, voilà un pucelage, voilà la première fois, que ce petit drôle-là décharge j’en suis sûr.“ Et du fait personne n’avait encore vu Hyacinthe en venir là, on le croyait même trop jeune pour y parvenir encore, mais il avait 14 ans fait, c’était l’âge où la nature a coutume de nous combler de ses fureurs, et rien n’était plus réel que la victoire que l’évêque s’imaginait avoir remporté. On voulut cependant constater le fait, et chacun : voulut être témoin de l’avanture. On s’assit en demi cercle autour du jeune homme, Augustine, la plus