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arracher s’il le pouvait ce malheureux soutien des jours de ces infortunés, et ce goût-ci n’était pas une fantaisie, c’était une fureur, il n’avait pas, disait-il, de délices plus vives et rien ne pouvait irriter, enflammer son âme comme cet excès-là. Ce n’était point, m’assurait-il un jour, le fruit de la dépravation, il avait dès l’enfance cette extraordinaire manie, et son cœur perpétuellement endurci aux accents plaintifs du malheur, n’avait jamais conçu des sentiments plus doux ; comme il est essentiel que vous connaissiez ce sujet, il faut que vous sachiez d’abord que le même homme avait trois passions différentes, celle que je vais vous conter, une que vous expliquera la Martaine en vous la rappellant par son titre, et une plus atroce encore que la Desgranges vous réservera sans doute pour la fin de ses récits, comme une des plus fortes qu’elle ait sans doute à vous raconter. Mais commençons par ce qui me regarde : aussitôt que j’eus prévenu le cte. de l’asile infortuné, que je lui avais découvert, et des attenances qu’il avait, il fut transporté de joie, mais comme des affaires de la plus grande importance pour ses fortunes et son avancement, — qu’il négligeait d’autant moins, qu’il y voyait une sorte d’étai à ses écarts, comme, dis-je, ses affaires allaient l’occuper près de 15 jours, et qu’il ne voulait pas manquer la petite fille, il aima mieux perdre quelque chose du plaisir, qu’il se promettait à cette première scène et s’assurer la seconde, en conséquence il m’ordonna de faire à l’instant enlever l’enfant à tel prix que ce fût, et de la faire remettre à l’adresse, qu’il m’indiqua, et pour ne pas vous tenir plus longtemps en suspends, messieurs, cette adresse était celle de la Desgranges, qui la fournissait dans la troisième partie