Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nait jamais au logis, il ignora les droits qu’il y avait, mais sitôt que la Fournier m’en eût parlé, mon premier soin fut de me faire informer de lui et de tous ses entours, et ce fut ainsi que j’appris qu’il possédait un trésor chez lui. Dans ce même temps, le cte. de Mesanges, libertin fameux et de profession dont la Desgranges sans doute aura plus d’une fois occasion de vous entretenir, vint s’adresser à moi, pour lui faire avoir une pucelle qui n’eût pas 13 ans et cela à quelques prix que ce fut. Je ne sais ce qu’il en voulait faire, car il ne passait pas pour un très vigoureux homme, sur cette article, mais il y mettait pour clause après que son prestige aurait été constaté par des experts, de l’acheter de ma main, une somme prescrite, et que de ce moment-là, il n’aurait plus affaire à qui que ce fut, attendu, disait-il, que l’enfant serait dépaisé et ne reviendrait peut-être jamais en France. — Comme, le Marquis était une de mes pratiques, et que vous l’allez voir bientôt lui-même sur la scène, je mis tout à l’œuvre, pour le satisfaire et la petite fille de Pétignon me parut positivement ce qu’il m’y fallait, mais comment la dépaiser ? L’enfant ne sortait jamais, on l’instruisait dans la maison même, c’était retenu avec une sagesse, une circonspection, qui ne me laissait aucun espoir. Il ne m’était possible d’employer pour lors ce fameux débaucheur de filles, dont j’ai parlé, il était pour lors à la campagne et le marquis me pressait. Je ne trouvai donc qu’un moyen et ce moyen servait on ne peut mieux la petite méchanceté secrète qui me portait à faire ce crime, car il l’aggravait, je suscitai des affaires au mari et à la femme, de tâcher de les faire enfermer