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mère, et que ses liens ne doivent jamais ni arrêter ni suspendre même les effets du crime, par ce que l’objet qui nous a servi, n’a nul droit à notre cœur, il n’a travaillé que pour lui, sa seule présence est une humiliation pour une âme forte, et il faut le haïr ou s’en défaire.“ „Cela est si vrai,“ dit Durcet, „que vous ne verrez jamais un homme d’esprit chercher à s’attirer de la reconnaissance, bien sûr de se faire des ennemis ; il n’y travaillera jamais.“ — „Ce n’est pas à vous faire plaisir, que travaille celui qui vous sert,“ interrompit l’évêque, „c’est à se mettre au-dessus de vous par ses bienfaits, or je demande ce que mérite un tel projet en nous servant, il ne dit pas, „je vous sers parce que je veux vous faire de bien,“ il dit seulement, „je vous oblige pour vous rabaisser et pour me mettre au-dessus de vous.“ — „Ces réflexions,“ dit Durcet, „prouvent donc l’abus du service qu’on rend et combien la pratique du bien est absurde, mais, vous dit-on, c’est pour soi-même, soit pour ceux dont la faiblesse de l’âme peut se prêter à ces petites jouissances-là ; mais ceux qu’elles répugnent, comme nous, seraient, ma foi, bien dupes de se les procurer.“ — Ce système ayant échauffé les têtes, on but beaucoup et fut célébrer les orgies, pour lesquels nos inconstants libertins imaginèrent de faire coucher les enfants et de passer une partie de la nuit à boire, rien qu’avec les 4 vieilles et les 4 historiennes, et de s’exhaler là à qui mieux mieux, en infamies et atrocités comme parmi ces 12 intéressantes personnes, il n’y en avait une, qui n’eût mérité la corde et la roue plusieurs fois, et je laisse au lecteur à penser et à imaginer ce qu’il y fut dit de propos ; on passe aux actions,