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on n’a plus là que Dieu et la conscience ; or de quelle force peut-être le premier frein aux yeux d’un athée de cœur et de réflexion, et quel empire peut avoir la conscience sur celui, qui s’est si bien accoutumé à vaincre ses remords qu’il deviennent pour lui presque des jouissances. Malheureux troupeau livré à la dent meurtrière de tels scélérats que vous eussiez frémi, si l’expérience, qui vous manquait, vous eût permis l’usage de la réflexion ! Ce jour était celui de la fête de la seconde semaine, on ne s’occupa qu’à la célébrer, le mariage qui devait se faire était celui de Narcisse et Hébé. Mais ce qu’il y avait de cruel, c’est que les deux époux étaient tous deux dans le cas d’être corrigés le même soir, ainsi du sein des plaisirs de l’hymen, il fallait passer aux amertumes de l’école, — quel chagrin ! Le petit Narcisse, qui avait de l’esprit, le remarqua, et on n’en procéda pas moins aux cérémonies ordinaires.161) On conjoignait les deux époux et on leur permit de se faire l’un devant l’autre, et aux yeux de tout le monde tout ce qu’ils voudraient, mais qui le croirait — „L’ordre était déjà trop étendu, et le petit bonhomme qui s’instruisait fort bien, très enchanté de la tournure de sa petite femme, et ne pouvant pas venir au bout de lui mettre, allait pourtant la dépuceler avec ses doigts, si on l’eût laissé faire, on s’y opposa à temps et le duc s’en emparant, la foutit en cuisses sur-le-champ, pendant que l’évêque en faisait autant à l’époux. On dîna, ils furent admis au festin, et comme on les fit prodigieusement manger, tous deux en sortant de table satisfirent en chiant, l’un Durcet, l’autre Curval, qui gobèrent délicieusement ces petites digestions enfantines ; le café fut servi