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que vous êtes, que je n’ai pas besoin de motif pour tuer une femme, et surtout une vache comme vous que j’empêcherais bien de faire son veau si elle m’appartenait !“ — Constance et Adélaïde se mirent à pleurer, et cette circonstance commença à dévoiler la haine secrète que le président portait à cette charmante épouse du duc, qui bien loin de la soutenir dans cette discussion, répondit à Curval, qu’il devait bien savoir qu’il n’aimait pas plus la progéniture que lui, et que si Constance était grosse, elle n’était pas encore accouchée. — Ici les larmes de Constance redoublèrent, elle était sur le canapé de Durcet, son père qui pour toute consolation lui dit, que si elle ne se taisait pas sur-le-champ malgré son état, il allait la mettre à la porte à coups de pieds au cul, la pauvre infortunée fit tomber sur son cœur navré les larmes qu’on lui reprochait et se contenta de dire : „Hélas grand Dieu, je suis bien malheureuse, mais c’est mon sort, il faut le remplir !“ — Adélaïde qui fondait en larmes et que le duc, sur le canapé duquel elle était, lutinait de toutes ses forces pour la faire encore mieux pleurer, parvint à sécher également ses pleurs et cette scène un peu tragique, quoique très réjouissante pour l’âme scélérate de nos libertins étant terminée, Duclos[34] reprit en ces termes : „Il y avait chez la Guérin une chambre assez plaisamment construite et qui ne servait jamais qu’à un seul homme, elle avait un plafond double, et cet espèce d’entresol tout bas et dans lequel on ne pouvait être que couché servait à placer le libertin d’espèce singulière, dont je servis la passion, il s’enfermait avec une fille dans cette manière de trappe, et sa tête était postée de manière qu’elle ré-