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est l’époque où Clotilde, plus heureuse ou plus ardente avec moi qu’avec Tilson, donna l’être à une fille infortunée, que mon inconstance et mon abandon ne virent jamais naître.

Le lendemain je me trouvai si las de ma déesse, que si je n’eusse consulté que mes sentimens, Clotilde en vérité ne fut jamais sortie de Londres ; mais persuadé que cette créature pourrait m’être utile dans mes voyages, nous nous disposâmes au départ. Clotilde, par mes soins, réalisa toutes ses prétentions ; douze mille guinées devinrent toute sa fortune, et les emportant avec nous, je quittai Londres avec mon épouse, deux ans après l’époque à laquelle j’y étais entré.

Poursuivant mes projets de visiter les cours du nord, nous nous dirigeâmes vers la Suède. IL y avait six semaines que nous voyagions ensemble, lorsque Clotilde un jour, revenant sur nos aventures, voulut m’adresser quelques reproches sur la violence des moyens dont je m’étais servi pour la posséder. Je le pris de ce moment avec ma chère épouse, sur un ton qui la convainquit que je consentais bien à lui faire