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ton ambition ; elle n’est chez toi que l’envie de perdre du foutre avec un peu de chaleur. — Qu’importe le sentiment qui la fait naître, dès qu’elle existe, et qu’elle fait régner. Mais mon ami, si tu raisonnes, tu balances ; et si tu balances, tu frémis, et n’es plus dès-lors digne de moi. Singulièrement chatouillé des propositions qui m’étaient faites ; y voyant, comme Sophie, des moyens sûrs d’exercer ma férocité naturelle, je promis tout. Sophie m’embrasse, me fait répéter les sermens les plus forts du plus profond mystère, et nous nous séparons. À peine rentré chez moi, je sentis tout le danger des engagemens que je venais de prendre, et voyant autant d’inconvéniens à les rompre qu’à les tenir, je passai la nuit dans la plus affreuse perplexité. C’en est fait, me dis-je, je suis un homme perdu, il ne me reste plus que la fuite. O Sophie ! que ne me proposais-tu des crimes particuliers, je les eus tous commis avec joie ! une complice telle que toi, m’assurait l’impunité la plus entière, et mon ame n’eut frémi de rien ; mais m’exposer à tout, pour n’être que l’agent de ton despotisme ? ne-compte pas sur moi, Sophie ; je veux bien faire des crimes