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attendant, chargée par elle de recevoir de vous la parole sacrée que vous ne révélerez jamais rien des mystères qui vont se célébrer ici sous vos yeux… Le doute d’une indiscrétion m’offense, madame, répondis-je, je suis fâché que la princesse le forme. — Mais si vous aviez à vous plaindre… si par hasard vous ne remplissiez ici que le rôle de victime ? — je m’en glorifierai, madame, et mon silence n’en serait pas moins éternel. — Une telle réponse me dispenserait de mes ordres, si je n’étais pas servilement obligée de le remplir. Il faut que je reçoive ce serment, monsieur… Je le fis. — Et que j’ajoute, que si par malheur vous ne teniez pas la parole à laquelle vous vous engagez, la mort la plus prompte et la plus violente en serait aussitôt la punition. — Cette menace est de trop, madame ; la manière dont j’ai saisi vos idées, ne la mérite point. Emma disparaît à ces mots, et me laisse près d’un quart-d’heure livrée à mes réflexions.

Elle reparut bientôt avec Sophie, et toutes les deux dans un désordre qui me convainquit que les deux coquines venaient assurément de se branler.

Allons, sacredieu, dit Sophie, ne ména-