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il fallait que je baisasse le cul de mon père pendant ce tems-là ; et Borchamps, comme Socrate, instruisait son disciple, tout en le foutant. Les principes les plus impies, les plus anti-moraux m’étaient suggérés ; et si je n’allais pas encore voler sur les grands chemins, ce n’était pas la faute de Borchamps. Ma sœur venait quelquefois à la maison, mais elle y était reçue avec froideur ; bien différent de mon père sur cet objet, chaque fois que je pouvais la joindre, je lui témoignais la plus violente ardeur, et je la foutais dès que j’en trouvais le moment. Mon père ne m’aime pas, me dit Gabrielle… il te préfère… Eh bien ! vis heureux avec lui, et ne m’oublie jamais… Je baisais Gabrielle, et lui jurais de l’adorer toujours.

Depuis très-long-tems, je m’appercevais que ma mère ne sortait jamais du cabinet de Borchamps, sans s’essuyer les yeux… sans pousser de profonds soupirs. Curieux de connaître la cause de ses chagrins, je fis une fente à la cloison qui séparait ce cabinet de mon boudoir, et fus lestement m’établir à ce trou, quand je crus pouvoir les surprendre… Je vis des horreurs ; la haine de mon père, pour cette femme, ne s’exha-