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charmans, dont l’un, Auguste, atteignait sa quinzième année, et l’autre, Laurence, vraiment belle comme le jour, complettait sa onzième. Chaque fois que Breval venait chez mon père, il y conduisait sa femme et ses enfans : on nous réunissait alors, sous l’inspection d’une gouvernante, nommée Pamphile, âgée de vingt-ans, très-jolie, et parfaitement, dans les bonnes grâces de mon père. Élevés tous les quatre de même, ayant absolument les mêmes principes, nos conversations et nos jeux se trouvaient très-au-dessus de nos âges ; et vraiment ceux qui nous auraient entendus, auraient plutôt pris nos conciliabules, pour des comités de philosophie, que pour des récréations d’enfans. À force d’être rapprochés de la nature, nous en écoutâmes bientôt la voix ; et ce qu’il y eut de fort extraordinaire, c’est qu’elle ne nous inspira point de nous mêler. Chacun resta dans sa famille ; Auguste et Laurence s’aimèrent, se confièrent leurs sentimens, avec la même candeur… la même joie, que Gabrielle et moi, nous déclarâmes les nôtres. L’inceste ne contrarie donc point les plans de la nature, puisque ses premiers mouvemens nous l’inspirent. Ce